After a hurricane comes a rainbow [Adonis]

Une petite journée calme s’annonçait. La brise s’était levée sur le sol brumeux de Noctis. Comme tous les matins, j’avais prévu de faire ma petite séance sportive. Ces quelques heures, ça me rappelait un peu les séances d'entraînements avec Nessy et papa. J’avais pris un petit rythme depuis que nous avons mis le pied sur l’île.., c’était en quelques sortes mon petit rituel et ça me faisait du bien. Ça me permettait à la fois de me retrouver avec moi-même de me vider l’esprit de cette pression constante qui pèse sur mon corps et mon esprit et à la fois de garder une bonne santé et forme physique, indispensable selon moi pour survivre ici. Mon petit rituel matinal consistait à un petit footing, quelques exercices de musculation au sol et je finissais par un petit moment pour m’entraîner à contrôler mon pouvoir. Un désavantage que possédait mon pouvoir, c’est que je n’avais aucun moyen direct de l’améliorer, de mieux le contrôler, puisque j’avais besoin d’une personne possédant des capacités comme moi, pour les utiliser quelques instants. Sans personnes comme moi, impossible d’impacter directement mon pouvoir. Le seul moyen d’agir dessus était indirect, et pourtant, c’était à la base de la réelle puissance de mon pouvoir : la concentration.

C’était la clé d’une maîtrise parfaite, une concentration parfaite. C’est simple si je n’étais pas concentré, en plus de blesser psychiquement la personne, à qui j’absorbe le pouvoir, cela avait aussi un impact non négligeable sur moi. C’est comme si j’avais l’impression que tout l’intérieur de mon corps était en train d’imploser. Il faut dire que certains pouvoirs étaient faciles à contrôler, d’autres beaucoup moins et certains demandent à la fois une force psychique, importante, mais aussi une certaine force physique. C’est une autre raison pour laquelle je m’entraînais encore constamment voire trop parfois… Je poussais vraiment mon corps à des limites élevées, ce n’était pas agréable, mais c’était nécessaire, voire indispensable si je voulais élever mon pouvoir.

Je me rappelle d’une fois où j’ai utilisé mon pouvoir sur un mutilé qui avait la capacité de brûler tout ce qu’il touchait... Je n’ai pas eu de mal pour le toucher et activer mon pouvoir, mais une fois absorbé, je n’ai pas pu le maîtriser. L’intérieur de mon corps entier était en train de brûler à la seconde où son pouvoir est entré dans mon corps. Heureusement que Nessy est arrivée à temps sinon j’y passais sûrement, parce que j’étais cloué en PLS au sol telle une saucisse sur un barbecue. Depuis ce jour, j’ai compris que je devais faire franchir des limites à mon corps, je devais l’endurcir et le mettre à rudes épreuves. Nessy n’est pas au courant de tout ça, je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète. Elle a déjà du mal avec son pouvoir, je ne veux pas la mêler à ça. Elle n’était au courant que du footing, des entraînements et des séances de « relaxation », j’omettais toute la partie où de temps en temps, je franchissais les limites naturelles de mon corps. Je me débrouillais comme je pouvais, je faisais avec ce que je trouvais. La plupart du temps, je ne faisais que les exercices de relaxation et de contrôle de mon esprit.

Je me préparais et enfilai ma tenue de « sport ». Nessy dormait encore, je lui laissai un petit mot lui disant que je rentrerais peut-être un peu plus tard que d’habitude et qu’il ne fallait pas qu’elle s'inquiète. Je franchissais la porte de notre « habitation », un petit bâtiment abandonné près de la lisière de la forêt. On était assez indépendant, mais au final ou se donnait toujours des heures approximatives pour se retrouver, pour être sûr qu’on ne s’est pas fait bouffer par une plante carnivore de 2 mètres. Nessy aimait bien se « balader », souvent dans la forêt, bien souvent, je la rejoignais parce que... je ne pouvais pas m’en empêcher. Avec notre « symbole Green » on se retrouvait assez facilement, peu importe où on se trouvait et il faut dire que ça nous a sauvé la vie quelques fois déjà. J’avais repéré un endroit sympa, pas très loin d’ici j’y avais fait mon « lieu secret » pour mes entraînements personnels. L’endroit était calme et à l’abri des regards indiscrets, j’étais tranquille. Des vieux bâtiments, de la végétation dense, un décor qui n'attirait pas vraiment l’oeil, mais quand on y était, on voyait l’ordre naturel des choses, en ces lieux la nature avait repris ses droits sur les ruines des vieux bâtiments qui s’y trouvaient. On y entendait rien d’autre que « la vie » si on peut parler de vie sur Noctis... Les brises de vents soufflants dans les feuilles des arbres et de la végétation. L’endroit parfait pour se relaxer et apaiser son esprit. Je m’y rendais chaque matin, c’était mon moment de répit sur cette île. J’approchais ma destination à petites foulées, quand quelque chose d'inattendu me sauta à l’œil. Une jeune femme à la chevelure rousse. Elle était littéralement en train de faire léviter plusieurs rochers alignés. Plusieurs questions me traversaient l’esprit. Qui était-elle ? Que faisait-elle ici ? Et comment avait-elle trouvé cet endroit ? Il était méconnaissable, excepté si tu étais du coin, comme moi et ma sœur. À première vue, elle ne semblait pas folle ou hors de contrôle, je pourrais donc l’approcher, avec précaution tout de même. Je m'avançais doucement vers la belle jeune rousse, que je ne voyais que de dos. « Hey ! ». À peine ce mort sorti de ma bouche, que j’étais prêt à effectuer une roulade sur le côté pour esquiver les rochers qu’elle pouvait potentiellement m’envoyer en pleine face.

À cet unique mot que je venais de prononcer, elle fut surprise et soudainement déstabilisée. Je n’aurais pas pensé la perturber autant, elle semblait si bien maîtriser la situation, comment ce fait-il qu’elle ne semble soudainement plus rien contrôler. Les pierres tournaient autour d’elle, si près, qu’une la blessa même. Lorsqu’elle se tourna vers moi, je compris rapidement ce qu’il se passait. Elle était submergée par de la colère.

Plus petit, j’avais connu ce sentiment. C’est une période dont je ne parle pas, mais j’ai eu un problème de colère, que je n’arrivais pas à contrôler, avec le temps et l’âge et un peu d'aide, cette colère a disparu, j’ai appris à la surpasser grâce à mon père, Nessy et les entraînements notamment. Si tu n’apprends pas à la maîtriser, cette colère te contrôlera selon sa volonté.

Les quelques mots qu’elle prononça ne faisaient que confirmer ce que je pensais. Non, je n’allais pas fuir, cette fille avait besoin d’aide, la colère était trop enfuie pour que cela s'apaise tout seul, même si je partais. Elle était seule ici, personne d’autre ne viendra l’aider, je devais faire quelque chose. Et vite, si je ne voulais pas me retrouver les 4 pattes en l’air, je sentais la pression de l’air frottant mon corps, voulant le faire léviter. Elle ne contrôlait tellement pas son pouvoir, qu’elle aussi elle allait finir comme ces pierres, je devais agir, prudemment. Si je l'énerve encore plus, ça simplifiera son pouvoir. Je devais dans un premier temps, je devais l’aider à se calmer, à se concentrer, si ce n’est pas suffisant, je pourrais légèrement la blesser psychiquement en lui absorbant son pouvoir, en espérant que ce soit assez pour lui faire perdre cette connexion avec ce pouvoir hors de contrôle. En dernier recours, je pourrais peut-être utiliser son pouvoir, dans le sens inverse, mais bien entendue ça n’aura pas autant d’effet que la force de gravitation qui tourbillonnait autour de nous. Ca, c’est en théorie, commençons la pratique...

« Écoute moi, si je pars là maintenant, je suis presque sûre que tu n’arriveras pas à te contrôler, et à mon avis tu envisages cette possibilité aussi. Cet endroit est méconnu de la population de l’île, je suis le seul qui peux t’aider dans l'immédiat » Disais-je en me couvrant le visage, sentant des bourrasques de vent agresser mon visage.
« Ferme les yeux, concentre toi sur un souvenir positif, essaye de ne réfléchir à rien d’autre, ne laisse pas cette colère t'atteindre plus ou elle te consumera ».
Ça, c’était la méthode des mots, les mots étaient plus forts que ce qu’on le pensait. Pour ce qui est de mon cas parfois ça me calmait plus petit, mais parfois, ce n’était malheureusement pas suffisant, il fallait en plus un contact. Je n'étais pas sûr que cela suffise pour la jeune femme qui se trouvait devant moi. Mais bon, ça valait toujours le coup d’essayer...

Je la voyais lutter, lutter pour reprendre le contrôle, de son pouvoir, de son corps, mais aussi de son esprit. J’espérais qu’elle reprenne le contrôle très rapidement, les pierres étaient en train de voler dans tous les sens. Je ne pouvais pas la laisser là, si elle n’arrivait pas à se calmer, je devrais tenter une autre méthode. Je n’espérai tout de même ne pas en arriver là. J’étais confiant, même en ayant une vie de misère, il y a bien un souvenir, positif et joyeux, sur lequel on pourrait toujours se raccrocher. Moi, il me suffisait de penser à ma sœur. J’ai tant de souvenirs avec elle, avec mon père aussi. Je crois bien que le souvenir qui m’aide le plus à me sortir de ce genre de situation, c’est une de ces nombreuses fois où on s’entraînait avec Nessy et notre père. Ce souvenir restera toujours gravé en moi. Je ne connaissais pas son passé, son histoire, mais j’espérais vraiment qu’elle trouve un souvenir qui la ramènerait, même le plus enfoui en elle.

Elle commença, après m’avoir écouté, à fermer ses yeux, elle luttait encore plus, elle essayait de se concentrer. Pendant ce temps-là, les rochers tourbillonnaient encore autour de nous, Étrangement, les pierres ne semblaient pas la blesser elle, elles formaient comme une barrière pour ne pas qu’on l’approche. Son pouvoir la protégeait d'elle-même. Me concernant, c’était tout autre, c’est comme si ces pierres m’avaient identifié comme étranger, comme un danger. Tellement qu’elles finissaient par se rapprocher de moi jusqu’à frôler ma peau et l’égratigner. Une à la jambe, tellement rapide qu’elle en déchira le pantalon que je portais. Moins de chance pour celle qui venait d’entailler mon avant-bras. « Hshh », je laissais s’échapper ce petit gémissement, je ne pouvais pas crier, pas maintenant. Je serais des dents, et posai ma main sur mon avant-bras par reflex.

Soudain, la vitesse des pierres finissait par retomber, elles commençaient à se stabiliser et retomber au sol, sans impulsion elles ne pouvaient plus bouger, elles retournaient à leur état naturel, au sol, fixent. Elle a réussi ?
« À en juger par la mobilité des pierres, je suppose » lançais-je avec humour, à la suite de ses quelques mots qu'elle lâchait, histoire de détendre l’atmosphère.
« Tout va bien, tu n’es pas blessé ? », disais-je la main toujours sur ma blessure, pour la cacher et à la fois pour faire compression dessus. J’avais l’habitude, mon corps savait endurer la douleur jusqu’à un certain niveau. Je n’avais pas endurci mon corps pour qu’une simple petite pierre me blesse profondément. La jeune femme allait sûrement se rendre compte que j’étais blessé, mais je ne voulais pas qu’elle s’en veuille. Après tout, c’est moi un peu qui avait déclenché cette tornade de roches. J’aurais réfléchi à deux fois avant de l’interrompre si j’avais su ce qu’il se passerait. À en juger par la tonalité de sa voix et de la vitesse à laquelle elle respirait, elle devait être totalement épuisée la pauvre. La belle rousse finis par ouvrir les yeux.

« Tu devrais t’asseoir avant de faire quoi que ce soit d’autres, je n’imagine pas la quantité d’énergie que tu viens d’utiliser. Tu me raconteras après ce que tu faisais là et comment t’as trouvé cet endroit, le temps que tu retrouves un peu de force » Lui disais-je souriant, je lui faisais comprendre que je ne lui voulais rien de mal et qu’elle n’avait rien à craindre ici.

J’enlevais la main de ma blessure qui ne saignait presque plus et je fouillai dans mon sac tout en me rapprochant d'elle doucement, et en sorti une gourde d’eau et 2 barres céréales. « Tiens prend ça, ça te fera du bien ! », tout en lui tendant les barres céréales d’une main et la gourde de l’autre. Mon attitude était plutôt neutre et joviale, en vue de la situation. J’avais failli me faire couper en lamelles par des pierres, mais ce n’était pas nécessaire de dramatiser non plus, après tout, personne n’était blessé, enfin presque…